Le groupe de défense pour les droits des Palestiniens Adalah-NY soutient que deux entreprises montréalaises, dont la propriété demeure nébuleuse, servent de façades afin de permettre à des promoteurs israéliens de construire en territoire palestinien.

Ces deux entreprises, Green Mount International Inc. et Green Park International Inc, sont actuellement poursuivies par le village cisjordanien de Bil'in à la Cour supérieure du Québec pour crimes de guerre.

Elles sont accusées d'avoir violé les lois canadiennes et internationales en agissant en tant qu'«agents d'Israël» en construisant des immeubles en copropriété à l'intérieur des limites du village et en les vendant à des Israéliens.

Adalah-NY affirme que ces deux entreprises sont contrôlées par Shaya Boymelgreen, un promoteur immobilier controversé de New York.

Le groupe se base sur des informations diffusées par des médias israéliens en 2005 et 2006 qui identifiaient M. Boymelgreen comme étant le principal intervenant au sein des entreprises.

«Je ne crois pas que la plupart des Canadiens savait que ces deux compagnies construisaient des colonies en Cisjordanie», a affirmé le porte-parole de Adalah-NY, David Bloom.

«Elles n'ont été dévoilées qu'à moitié, puisque (Boymelgreen) n'a pas encore été nommé publiquement.»

Les appels téléphoniques faits au porte-parole de M. Boymelgreen n'ont pas été retournés.

Le nom «Boymelgreen» n'apparaît pas sur la poursuite de 2 millions $ intentée par le village de Bil'in.

La Montréalaise Annette Laroche est inscrite en tant que directrice, présidente et secrétaire de Green Mount International et de Green Park International.

Mais l'avocat canadien du village de Bil'in, Mark Arnold, croit plutôt qu'il s'agit d'un prête-nom.

«Nous croyons (qu'elle) est seulement secrétaire au bureau d'avocats qui a incorporé la compagnie», a-t-il expliqué.

«Je ne dispose d'aucune preuve démontrant qu'elle ait fait quelque chose de mal. Elle est néanmoins responsable pour le comportement de cette compagnie.»

Les deux entreprises montréalaises ont des structures de propriété très complexes ainsi que des liens dans le commerce de diamants africains.

Les documents du gouvernement du Québec indiquent que Green Mount International et Green Park International sont contrôlées par l'entreprise Lexinter Management, dont l'adresse est celle d'un studio de photographie commerciale situé à Montréal.

F.T.S Worlwide Corp., une entreprise basée au Panama et qui faisait du commerce de diamants en République démocratique du Congo, figure en tant qu'actionnaire majoritaire de Lexinter Management.

Cette entreprise a déjà été l'actionnaire majoritaire de la firme Examon Inc., laquelle a obtenu en 2003 une entente exclusive pour la mise en marché de diamants congolais.

La directrice, présidente et secrétaire de Examon Inc., Karen McIntyre, a été remplacée par Annette Laroche en 2007 au sein de Green Mount International Inc.

Les efforts pour joindre Karen McIntyre et Annette Laroche ont été vains.

Les appels téléphoniques faits à Ronald Levy, l'avocat de Mme Laroche et des deux entreprises enregistrées en son nom, n'ont pas été retournés.

Le bureau montréalais du cabinet d'avocats de M. Levy, De Grandpre Chait, figure également en tant que siège social de l'entreprise Examon Inc. dans les documents fiscaux du gouvernement.

Adalah-NY soutient que Shaya Boymelgreen a utilisé Green Mount International et Green Park International pour accorder la construction d'immeubles près de Bil'in en sous-traitance à Danya Cebus, une filiale de Groupe Africa Israël Investissements Sarl.

Le conglomérat est dirigé par le magnat israélien des diamants Lev Leviev, lequel s'est associé à M. Boymelgreen entre 2002 et 2007 dans le cadre d'entreprises immobilières à New York.

L'UNICEF a mis un terme à ses relations avec M. Leviev le mois dernier en indiquant avoir trouvé des «raisons de soupçonner» que l'entreprise Danya Cebus était liée à l'établissement de colonies, ce que l'ONU considère comme illégal.

Adalah-NY affirme que ses recherches ont démontré que les colonies sont souvent fondées par des ententes d'affaires complexes et trompeuses.

«Ils veulent que les gens n'accordent pas d'attention à l'homme derrière le rideau», a dit le porte-parole David Bloom.

L'avocat qui représente le village de Bil'in a admis que sa cause était davantage axée sur ce que les entreprises on fait, plutôt que sur le fait de savoir qui est celui qui les dirige.

«Le fait qu'ils puissent être des milliardaires - ou Dieu sait quoi - n'a aucune influence sur le fait que le village de Bil'in croit que Green Park International y mène des activités illégales», a affirmé Mark Arnold.

Bien qu'elle ait déjà comparu dans le cadre de la poursuite, la partie défenderesse doit établir sa défense.