Les Québécois éliront un nouveau gouvernement le 1er octobre prochain. D'ici là, La Presse a voulu sonder l'état d'esprit des électeurs. Nos journalistes et nos photographes ont été à leur rencontre dans 100 villes différentes dans toutes les régions du Québec. Découvrez ce que les électeurs ont à dire.

Qu'est-ce qui vous préoccupe en ce moment ?

Il faut que je me dépêche dans mon ouvrage. J'ai 400 logs de bois à sortir du bois. Je défais mes cabanes sur mon terrain et j'en construis d'autres.

Quelle est la dernière chose qui vous a mis en colère ?

Une personne qui vient me dire quoi faire ici. Je viens bleu. Je suis ici chez nous.

Quelle est la dernière chose qui vous a mis de bonne humeur ?

Ma santé et les enfants. Je suis sept fois grand-père. Ça me rend bien heureux, ces enfants-là.

Quelle est la dernière personnalité publique dont la mort vous a ému ?

La mort de ma mère et de mon père m'a touché. Mais des personnalités connues dans le journal, ça ne me faisait pas trop de quoi.

Si vous pouviez et vouliez vivre dans une autre ville du Québec, laquelle serait-ce, et pourquoi ?

Je m'en irais dans le coin où est la famille de mon père, là où mon père est enterré : dans le coin de Saint-Gabriel-de-Brandon, près de Joliette. J'ai beaucoup de famille là.

Si vous pouviez changer une seule chose dans votre circonscription, qu'est-ce que ce serait ?

Je n'aime pas l'abus sur la boisson. Et il y a aussi de l'abus avec les animaux : tuer des orignaux avec des petits bébés dans le ventre... C'est grave. Ça arrive trop souvent dans le coin. Ça me fait mal. Il faudrait plus de gardes-chasses dans la région. On n'en a pas.

Si vous pouviez changer une seule chose au Québec, qu'est-ce que ce serait ?

On n'a pas de réseau cellulaire. Il faudrait augmenter la couverture cellulaire dans toutes les régions éloignées du Québec. Tout le monde qui se blesse alentour vient ici. On a eu un mort avant-hier.

Quel est le dernier contenu que vous avez partagé sur Facebook ?

J'ai un compte, mais je ne suis pas trop mordu. C'est plus les femmes et les enfants qui sont là-dessus. Moi, je me sers d'un téléphone pour appeler. Je ne m'amuse pas avec. Je ne me souviens plus de la dernière chose partagée.

Où vous voyez-vous dans cinq ans ?

J'essaie de relever ma pourvoirie, je me vois encore ici. Je me fais des parkings à roulottes et je veux faire trois, quatre chalets en bois rond. Je veux ouvrir un restaurant l'hiver, il y a beaucoup de Ski-Doo qui passent ici. Je veux aussi me faire des cabanes de pêche. Les Américains arrêtent, louent ça et couchent là-dedans.

Qu'est-ce que c'est, pour vous, être québécois ?

Mon grand-père [maternel] était grand chef des Cris. J'ai une maison à Waswanipi. Mon père s'appelait Ulric Ratté, une famille gaspésienne, il avait des hydravions ici. Il nous a élevés en Floride. Je me considère comme un Cri et un Québécois, les deux. Je me sers de ma carte pour ne pas payer la taxe sur le gaz, là je suis considéré comme un Cri. Mais quand je vais en ville, le petit Métis devient un petit Québécois.

Faites un voeu...

Donnez-moi tous les dorés et les orignaux alentour de chez nous pour que je puisse les protéger. On va les partager. Partager toute la bouffe que la nature nous donne.

Que feriez-vous si vous gagniez une somme importante ?

Je l'investirais toute dans la pourvoirie, pas mal certain. C'est dur.

Dans votre vie, ces 5 objets sont-ils positifs ou négatifs ?

Téléphone

Ça ne rentre pas ici.

Ordinateur

Un peu des deux. Il y a trop de monde qui joue avec ça. C'est une perte de temps à moitié.

Carte de crédit

C'est négatif. J'en ai une au cas où il m'arriverait une urgence, mais je n'en veux pas.

Télévision

C'est négatif. J'en ai une dans ma chambre, j'en ai six dans ma maison, mais je n'écoute jamais la télé.

Bouteille de bière ou de vin

Négatif. J'ai bien de la misère avec ça. Moi, je ne prends pas un coup. Je console le monde, le monde vient pleurer chez nous.

Vous devenez premier ministre demain. Quelle est la première phrase de votre premier discours ?

« Que le monde se tienne ! » Tout le monde se repousse : on voit un autre en train de se noyer et le monde l'aide même pas. T'as pas le droit de laisser quelqu'un mourir.

Si un chef de parti croisait votre chemin pendant la campagne électorale, de quelle préoccupation aimeriez-vous lui parler? Préserver votre emploi, acquérir une propriété, refaire une route dangereuse? Dites-nous ce qui vous préoccupe, et pourquoi, en 250 mots, en écrivant à centvilles@lapresse.ca en prenant soin de préciser votre nom, votre âge, ce que vous faites et la municipalité dans laquelle vous vivez. Nous publierons un certain nombre de messages pendant la campagne électorale, en septembre.