Les Québécois éliront un nouveau gouvernement le 1er octobre prochain. D'ici là, La Presse a voulu sonder l'état d'esprit des électeurs. Nos journalistes et nos photographes ont été à leur rencontre dans 100 villes différentes dans toutes les régions du Québec. Découvrez ce que les électeurs ont à dire.

David Ouellet, 40 ans, apiculteur. Saint-Marc-de-Figuery.



QU'EST-CE QUI VOUS PRÉOCCUPE EN CE MOMENT ?


Comme pour beaucoup d'apiculteurs, ce qui est préoccupant, ce sont les pesticides et la survie des abeilles. [Nous avons rencontré David à la fin du mois de mai, après un hiver très difficile qui a emporté 40 % de ses colonies.] L'abeille, c'est le point faible de notre écosystème. C'est un bio-indicateur. Si l'abeille ne va pas bien, l'humanité ne va pas bien. On a besoin de l'abeille, elle est essentielle pour l'humain. Donc c'est très préoccupant. Parce que c'est mon métier, mais même en tant que citoyen, c'est très préoccupant. [...] L'humanité s'en va vers un suicide en ce moment et c'est triste à voir.

QUELLE EST LA DERNIÈRE CHOSE QUI VOUS A MIS DE BONNE HUMEUR ?

J'ai de belles ruches, même si j'ai beaucoup de mortalité. Et quand on ouvre une belle ruche, ça rend un apiculteur heureux au printemps. C'est la nature qui se réveille, c'est beau à voir.

QUELLE EST LA DERNIÈRE CHOSE QUI VOUS A MIS EN COLÈRE ?

Ce sont des problèmes personnels.

QUELLE EST LA DERNIÈRE PERSONNALITÉ PUBLIQUE DONT LA MORT VOUS A ÉMU ?

Cohen, évidemment. C'est notre artiste. C'est un poète incroyable. C'est Montréal, c'est Suzanne. Et je n'ai même pas vu l'Expo...

SI VOUS POUVIEZ ET VOULIEZ VIVRE DANS UNE AUTRE VILLE DU QUÉBEC, LAQUELLE SERAIT-CE, ET POURQUOI ?

Ça serait un village, c'est sûr ! Je ne suis pas un gars d'asphalte. J'aime la ville, j'aime y passer un petit bout de temps, mais j'ai besoin de la campagne. J'irais peut-être dans le Bas-Saint-Laurent. Je ne sais pas pourquoi, je n'y suis jamais allé, mais je suis attiré.

SI VOUS POUVIEZ CHANGER UNE SEULE CHOSE DANS VOTRE CIRCONSCRIPTION, QU'EST-CE QUE CE SERAIT ?

La vitalité du tourisme. Réussir à faire bouger plus le monde, que ça soit plus vivant. L'occupation du territoire. L'agriculture ne se diversifie pas beaucoup. Elle devient de plus en plus industrialisée et elle n'amène pas le monde sur le terrain. J'aimerais ça qu'il y ait plus de fermes comme nous autres, qui attirent le monde, et des petits marchés. Ça se fait beaucoup ailleurs au Québec. Ici, c'est le balbutiement. Des fermes comme ici, avec une boutique sur place, il n'y en a presque pas en Abitibi. Au Témis, il y en a un peu.

SI VOUS POUVIEZ CHANGER UNE SEULE CHOSE AU QUÉBEC, QU'EST-CE QUE CE SERAIT ?

La réglementation sur les pesticides et sur les OGM [organismes génétiquement modifiés]. Étiquetage obligatoire des OGM. Ça se fait partout ailleurs dans le monde, et nous ne suivons pas.

QUEL EST LE DERNIER CONTENU QUE VOUS AVEZ PARTAGÉ SUR FACEBOOK ?

C'est un article sur nous de Tourisme Abitibi-Témiscamingue.

OÙ VOUS VOYEZ-VOUS DANS CINQ ANS ?

Je vais être encore ici, dans mon coin de pays. C'est mes racines, je ne bouge pas d'ici, c'est sûr. Je vois encore plus de monde qui se déplace sur le terrain ici. Je me verrais avec une petite table champêtre.

QU'EST-CE QUE C'EST, POUR VOUS, ÊTRE QUÉBÉCOIS ?

Les Québécois, c'est du monde de party. C'est du monde souriant, qui aime la vie. J'ai voyagé un peu, j'ai travaillé à l'étranger, en Finlande, et les gens n'en revenaient pas : comment ça, vous dites bonjour à tout le monde ? On est du monde chaleureux. 

FAITES UN VOEU...

C'est quoi, la toune ? Quand les hommes vivront d'amour...

QUE FERIEZ-VOUS SI VOUS GAGNIEZ UNE GROSSE SOMME ?

J'en donnerais beaucoup et j'en placerais assez pour être capable de vivre sans stress financier. Mais je continuerais à avoir des abeilles, je continuerais à faire exactement ce que je fais maintenant. Je partirais des affaires. Ça manque au Québec. Tout le monde place son argent dans des REER qui vont à des banques. Mais tu n'as pas le droit de prendre ton REER et investir dans l'entreprise à côté de chez vous. C'est une aberration. Ça serait tellement une vitalité de territoire si je pouvais décider que l'argent de ma retraite, en attendant ma retraite, elle sert à la petite boulangerie à côté. Qu'elle serve à quelqu'un qui veut partir un projet trippant. De quoi de génial. Mais là, tout le monde place son argent à la banque qui fait 2 milliards de profit par année. Il pourrait se faire tellement de projets trippants.

DANS VOTRE VIE, CES CINQ OBJETS SONT-ILS POSITIFS OU NÉGATIFS ?

Téléphone

Positif.

Ordinateur

Positif.

Carte de crédit

Négatif. Toutes les fois que quelqu'un paye avec ça ici, ça me coûte 3 % par transaction. Une partie de ma marge y passe. Les gens veulent des cartes à points pour avoir un toaster à la fin de l'année, mais leur toaster, ils l'ont payé ! Et j'en paye une partie !

Télévision

Je commence à aller vers le négatif.

Bouteille de vin ou de bière

Positif. Je ne m'en passerais pas.

VOUS DEVENEZ PREMIER MINISTRE DEMAIN. QUELLE EST LA PREMIÈRE PHRASE DE VOTRE PREMIER DISCOURS ?

Je crois que je traduirais Obama et je dirais : oui, on peut. Il nous a touché avec son Yes, we can.

Si un chef de parti croisait votre chemin pendant la campagne électorale, de quelle préoccupation aimeriez-vous lui parler? Préserver votre emploi, acquérir une propriété, refaire une route dangereuse? Dites-nous ce qui vous préoccupe, et pourquoi, en 250 mots, en écrivant à centvilles@lapresse.ca en prenant soin de préciser votre nom, votre âge, ce que vous faites et la municipalité dans laquelle vous vivez. Nous publierons un certain nombre de messages pendant la campagne électorale, en septembre.